Lutter contre le douleur avec le cannabidiol CBD

Cannabidiol (CBD) et douleurs chroniques

L'huile de CBD est de plus en plus reconnue pour avoir propriétés antalgiques puissantes, sans les effets secondaires observés chez la plupart de opoïdes ou anti-inflammatoire non stréroidiens (AINS).

Son mode d'action diffère des autres molécules couramment utilisées, ce qui rend le CBD utile en cas de douleurs réfractaire.

1. Spécificités et mécanismes de la douleur chronique (71)

Selon la définition de l’IASP (International Association for the Study of Pain) la douleur est « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ». La douleur est subjective : elle repose avant tout sur le ressenti du patient, ce qui la rend difficile à quantifier et à qualifier.

On distingue 2 types de douleur : la douleur nociceptive (brûlure ou inflammation par exemple), d’origine mécanique ou inflammatoire et la douleur neuropathique (associée à une atteinte du SNC et SNP).

Si on décrit une douleur aiguë (une brûlure par exemple), la brûlure va stimuler les terminaisons nerveuses (nocicepteurs) de la peau. L’information se propage alors le long des nerfs nocicepteurs, et sera ensuite transmise à la moelle épinière puis au cerveau. C’est à ce moment-là que le signal est identifié comme une douleur. Au niveau de la moelle épinière, se situe un arc réflexe (afin de retirer la main de la source de chaleur par exemple) ainsi que les premiers systèmes de modulation de la douleur impliquant le neurotransmetteur GABA ou les endorphines.

circuit de la douleur et CBD

Une douleur aiguë est intense et souvent brève. Une douleur est chronique lorsqu’elle est récurrente durant plus de 3 mois.

Une douleur neuropathique résulte d’une hyperactivité spontanée des voies de la douleur consécutive à un dysfonctionnement des voies de la sensibilité du système nerveux central ou périphérique. On retrouve plusieurs étiologies : le syndrome canalaire, le diabète, le zona, le VIH ou la tumeur par exemple. (142)

1. Action du CBD sur les douleurs chroniques

1.1 Action antalgique du CBD

Le CBD a prouvé qu’il était efficace pour traiter les douleurs chroniques mais également les douleurs aiguës. Plusieurs études démontrent que le système endocannabinoïde est impliqué de manière centrale et périphérique dans le traitement des signaux de douleur. Les chercheurs ont prouvé que les endocannabinoïdes inhibent, par le biais d’un mécanisme rétrograde via les récepteurs CB1, la libération de neurotransmetteurs contrôlant les entrées nociceptives, et que les niveaux de ces neurotransmetteurs étaient élevés dans ces régions, connues pour être impliquées dans la transmission ou la modulation de la douleur : terminaisons sensorielles, peau, ganglions de la racine dorsale. (143)

Le CBD ne stimule pas directement les récepteurs CB1 impliqués dans la perception de la douleur (contrairement au THC) mais il a une activité anti-inflammatoire puissante. Une revue publiée en 2008 a évalué l’efficacité du CBD pour soulager la douleur chronique. Ils ont inclus dans leur recherche toutes les études publiées entre 1980 et 2007 et ont conclu que le CBD était efficace dans la gestion globale de la douleur, sans présenter d’effet secondaire indésirable. (144)

Le CBD est un agoniste des récepteurs TRPV1 impliqués dans la douleur, et va rapidement entraîner leur désensibilisation. La capsaïcine, traitement réputé dans les douleurs neuropathiques exerce son activité par le même mécanisme d’action. (145,146)

le CBD est un ligand de TRPV1

 

1.2 Action anti-inflammatoire du CBD

L’effet anti-inflammatoire du CBD est reconnu. En effet, il agit à plusieurs niveaux :

- Il active les récepteurs vanilloïdes (TRPV1) responsables de la régulation de plusieurs agents inflammatoires tels que le TNFalpha, IFNgamma, l’IL6, l’IL4 ou encore l’IL12. (100)

- Il inhibe l’activité enzymatique de la COX1 et COX2, à l’origine de la production de prostaglandines à partir d’acide arachidonique. Or, la prostaglandine est un médiateur de l’inflammation. (101)

- Il active le récepteur PPARγ, responsable de la régulation de protéines pro-inflammatoires. (102)

- Il agit comme antagoniste du récepteur GPR55 et diminue donc la production d’IL12, pro-inflammatoire. (53)

CBD ligand récepteurs TRPV1 GPR55 CB1 CB2 5-HT1A PPAR gamma

 

1.3 Le CBD diminue la prise d’opioïde et le syndrome de sevrage

Plusieurs études ont montré que l’administration de CBD diminuait fortement la dose d’opioïdes prescrits pour traiter la douleur, ce qui peut être intéressant lorsqu’on considère le nombre de patients se plaignant d’effets indésirables des opioïdes. D’après une étude publiée en 2016, la consommation de chanvre à des fins médicales (donc pas spécifiquement du CBD) est associée à une diminution de 64 % de la consommation d’opioïdes, et une amélioration de la qualité de vie (45 %). (147)

De plus, le CBD peut atténuer les symptômes de sevrage des opioïdes. (148–150)

Citations :

143. Greco R, Gasperi V, Maccarrone M, Tassorelli C. The endocannabinoid system and migraine. Exp Neurol. juill 2010;224(1):85‐91.


144. Russo EB. Cannabinoids in the management of difficult to treat pain. Ther Clin Risk Manag. févr 2008;4(1):245‐59.


145. Iannotti FA, Hill CL, Leo A, Alhusaini A, Soubrane C, Mazzarella E, et al. Nonpsychotropic plant cannabinoids, cannabidivarin (CBDV) and cannabidiol (CBD), activate and desensitize transient receptor potential vanilloid 1 (TRPV1) channels in vitro: potential for the treatment of neuronal hyperexcitability. ACS Chem Neurosci. 19 nov 2014;5(11):1131‐41.


146. De Petrocellis L, Ligresti A, Moriello AS, Allarà M, Bisogno T, Petrosino S, et al. Effects of cannabinoids and cannabinoid-enriched Cannabis extracts on TRP channels and endocannabinoid metabolic enzymes. Br J Pharmacol. août 2011;163(7):1479‐94.


100. Tsuji F, Murai M, Oki K, Inoue H, Sasano M, Tanaka H, et al. Effects of SA13353, a transient receptor potential vanilloid 1 agonist, on leukocyte infiltration in lipopolysaccharide- induced acute lung injury and ovalbumin-induced allergic airway inflammation. J Pharmacol Sci. 2010;112(4):487‐90.


101. Ruhaak LR, Felth J, Karlsson PC, Rafter JJ, Verpoorte R, Bohlin L. Evaluation of the cyclooxygenase inhibiting effects of six major cannabinoids isolated from Cannabis sativa. Biol Pharm Bull. 2011;34(5):774‐8.


102. De Filippis D, Esposito G, Cirillo C, Cipriano M, De Winter BY, Scuderi C, et al. Cannabidiol Reduces Intestinal Inflammation through the Control of Neuroimmune Axis. PLoS ONE [Internet]. 6 déc 2011 [cité 30 oct 2020];6(12). Disponible sur: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3232190/


53. Burstein S. Cannabidiol (CBD) and its analogs: a review of their effects on inflammation. Bioorg Med Chem. 1 avr 2015;23(7):1377‐85.

147. Boehnke KF, Litinas E, Clauw DJ. Medical Cannabis Use Is Associated With Decreased Opiate Medication Use in a Retrospective Cross-Sectional Survey of Patients With Chronic Pain. J Pain Off J Am Pain Soc. 2016;17(6):739‐44.


148. de Carvalho CR, Takahashi RN. Cannabidiol disrupts the reconsolidation of contextual drug-associated memories in Wistar rats. Addict Biol. mai 2017;22(3):742‐51.


150. Markos JR, Harris HM, Gul W, ElSohly MA, Sufka KJ. Effects of Cannabidiol on Morphine Conditioned Place Preference in Mice. Planta Med. mars 2018;84(4):221‐4.

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