Sclérose en plaque et CBD, que sait-on ?

Sclérose en plaque et CBD, que sait-on ?

SCLÉROSE EN PLAQUES

1. Description de la Sclérose en plaques (71)

La sclérose en plaques est une maladie auto-immune chronique et évolutive du SNC. C’est une pathologie du sujet jeune.

Elle se caractérise par une inflammation de la myéline, gaine qui entoure et protège les fibres nerveuses dans le système nerveux central, les nerfs op- tiques et la moelle épinière. L’influx nerveux est altéré, on retrouve alors chez ces patients des troubles neuro-sensitifs (flou visuel, baisse de l’acuité) et mo- teurs (paresthésies et courbatures musculaires douloureuses), mais égale- ment des troubles de l’équilibre, de la concentration, des troubles urinaires et sexuels.

On définit 2 phases :

- La poussée : apparition, réapparition ou aggravation de signes neurologiques s’installant de manière subaiguë durant au
moins 24 heures, avec récupération plus ou moins complète. Pour traiter les poussées on utilise généralement des corticostéroïdes, qui présentent beaucoup d’effets indésirables à long terme : insomnie, fluctuation de l’humeur, rétention d’eau, ostéoporose...

- La progression : aggravation continue, sur une période d’au moins 6 mois, des symptômes neurologiques.

2. Action du CBD

Peu d’études ont été réalisées sur l’utilisation spécifique du CBD dans la sclé- rose en plaques. Mais, les propriétés anti-inflammatoires, immunosuppressives et neuroprotectrices du CBD peuvent permettre un ralentissement de la progression neurodégénérative.

2.1 Action anti-inflammatoire du CBD

Le CBD est un puissant anti-inflammatoire qui agit à plusieurs niveaux :

- il active les récepteurs vanilloïdes (TRPV1) responsables de la régulation de plusieurs agents inflammatoires tels que le TNF alpha, IFN gamma, l’IL6, l’IL4 ou encore l’IL12, qui détruisent les cellules productrices de myéline. (100)

- Il ralentit l’activation des cellules immunitaires telles que les lymphocytes T et B et empêche donc la production d’anticorps, qui détruisent la gaine de myéline. (215)

- Il inhibe l’activité enzymatique de la COX1 et COX2, à l’origine de la production de prostaglandines à partir d’acide arachidonique. Or, la prostaglandine est un médiateur de l’inflammation. (101)

La neuroinflammation détruit la myéline, et est responsable de la progression de la maladie.

Des chercheurs ont étudié l’effet du CBD en traitement topique, sous forme de crème, sur la sclérose en plaques. Une application quotidienne de cette crème à 1 % de CBD a permis une récupération de la paralysie des membres postérieurs chez les souris, et a également diminué l’infiltration lymphocytaire et la démyélinisation, typiques de cette pathologie. De plus, l’application quo- tidienne a entraîné une réduction de la libération des cellules T CD4 et CD8 et l’expression des principales cytokines pro-inflammatoires (IL10, IFNγ, TGFβ, iNOS...). (216)

2.2 Action du CBD sur le glutamate – douleurs neuropathiques et excitotoxicité

Le glutamate est un neurotransmetteur excitateur du système nerveux central. De multiples déclencheurs (tels que le stress oxydatif, une surcharge en calcium) peuvent entraîner des anomalies dans la signalisation du glutamate. La perturbation de cette homéostasie peut affecter toutes les fonctions physiologiques et les interactions entre cellules cérébrales, entraînant une excitotoxicité. (217)

L’excitotoxicité est un processus de destruction neuronale qui se produit lorsque le glutamate, présent en excès, stimule excessivement les récepteurs, et entraine des dommages ou la mort des cellules nerveuses. D’après cette étude de 2014, il est maintenant largement admis que les altérations des cellules gliales environnant les neurones ont un rôle dans la progression de la pathologie (142). La modulation de la libération et du transport du glutamate, ainsi que le blocage des récepteurs pourraient être des cibles pertinentes pour le traitement de la SEP.

Or, le CBD inhibe la libération de glutamate et diminue le stress oxydatif. En effet, il active les récepteurs CB1 présynaptiques couplés aux protéines Go et Gi, ce qui entraîne une inhibition de l’adénylate cyclase, puis une diminution de l’AMPc et de l’activité de la protéine kinase A. L’hyperpolarisation des terminaisons présynaptiques entraîne une fermeture des canaux calciques, et donc une diminution de la libération des neurotransmetteurs emmagasinés tel que le glutamate. (218)

De plus, cette étude a démontré que le CBD entraîne une diminution de la toxi- cité du glutamate par son activité antioxydante puissante. Même si le méca- nisme d’action n’est pas connu à ce jour, cette activité neuroprotectrice est indéniable. (44)

Dans cette pathologie où les nerfs sont endommagés, la plupart des patients souffrent de douleurs neuropathiques. Chez les patients souffrant de douleur neuropathique, on retrouve des taux de glutamate élevés. En effet, le glutamate libère un neuropeptide (substance P) responsable de la perception de la douleur. (142)

Une étude réalisée sur des souris en 2017 a montré des résultats prometteurs sur les propriétés anti-apoptotiques du CBD contre les processus neurodégénératifs de la SEP. (219)

2.3 Action du CBD sur la spasticité

La spasticité est un symptôme qui touche presque 70 % des patients, caracté- risé par des contractions involontaires, très intenses et durables des fibres musculaires striées, à l’origine de douleurs. D’après certaines études, ce symp- tôme serait également associé à un excès de transmission glutamatergique. L’activation des récepteurs CB1 par l’anandamide pourrait donc être bénéfique pour le traitement de ce symptôme. Or on sait que le CBD inhibe la dé- gradation de l’anandamide, et augmente donc la concentration d’anandamide disponible. (8-220)

2.4. Action du CBD sur la dépression

La dépression est un symptôme qui touche plus d’un patient sur deux. C’est un symptôme essentiel à traiter car il peut retarder l’amélioration des symptômes par diminution de l’adhésion au traitement et diminution de l’activité phy- sique.

L’action du CBD dans la dépression est détaillée dans cet article, CBD et dépression.

2.5. CBD et voie PI3k/Akt/mTOR (221)

Une récente étude a analysé l’effet du CBD sur des modèles de souris atteints d’un type de sclérose en plaques expérimental. Les chercheurs ont mis en évi- dence une diminution de l’activité de la voie PI3k/Akt/mTOR, impliquée dans la régulation du cycle cellulaire et le métabolisme. Le traitement par CBD a permis de restaurer cette voie de signalisation, et serait donc d’après les cher- cheurs « une nouvelle cible thérapeutique potentielle pour le traitement de la SEP. »

 

Citations :

71. Inserm. Dossiers d’information | Inserm - La science pour la santé [Internet]. [cité 30 oct 2020]. Disponible sur: https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information 100. Tsuji F, Murai M, Oki K, Inoue H, Sasano M, Tanaka H, et al. Effects of SA13353, a transient receptor potential vanilloid 1 agonist, on leukocyte infiltration in lipopolysaccharide- induced acute lung injury and ovalbumin-induced allergic airway inflammation. J Pharmacol Sci. 2010;112(4):48790.

101. Ruhaak LR, Felth J, Karlsson PC, Rafter JJ, Verpoorte R, Bohlin L. Evaluation of the cyclooxygenase inhibiting effects of six major cannabinoids isolated from Cannabis sativa. Biol Pharm Bull. 2011;34(5):7748.
142. SCHMIT A. Douleurs neuropathiques : physiopathologie, prise en charge et voies de recherche. [Internet]. [Nancy]; 2011. Disponible sur: https://hal.univ-lorraine.fr/hal- 01738833/document

215. Nagarkatti P, Pandey R, Rieder SA, Hegde VL, Nagarkatti M. Cannabinoids as novel anti- inflammatory drugs. Future Med Chem. oct 2009;1(7):133349.
216. Giacoppo S, Galuppo M, Pollastro F, Grassi G, Bramanti P, Mazzon E. A new formulation of cannabidiol in cream shows therapeutic e
ffects in a mouse model of experimental autoimmune encephalomyelitis. DARU J Pharm Sci [Internet]. 21 oct 2015 [cité 31 oct 2020];23. Disponible sur: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4618347/
217. Stojanovic IR, Kostic M, Ljubisavljevic S. The role of glutamate and its receptors in multiple sclerosis. J Neural Transm Vienna Austria 1996. août 2014;121(8):945
55.

8. Laugier M. Intérêt des cannabinoïdes dans le traitement de la sclérose en plaques. [Lille]; 2019.
44. Hampson AJ, Grimaldi M, Axelrod J, Wink D. Cannabidiol and (-)Delta9- tetrahydrocannabinol are neuroprotective antioxidants. Proc Natl Acad Sci U S A. 7 juill 1998;95(14):8268
73 218. Shen M, Piser TM, Seybold VS, Thayer SA. Cannabinoid Receptor Agonists Inhibit Glutamatergic Synaptic Transmission in Rat Hippocampal Cultures. J Neurosci. 15 juill 1996;16(14):432234.
219. Giacoppo S, Soundara Rajan T, Galuppo M, Pollastro F, Grassi G, Bramanti P, et al. Puri
fied Cannabidiol, the main non-psychotropic component of Cannabis sativa, alone, counteracts neuronal apoptosis in experimental multiple sclerosis. Eur Rev Med Pharmacol Sci. déc 2015;19(24):490619.
220. Leussink VI, Husseini L, Warnke C, Broussalis E, Hartung H-P, Kieseier BC. Symptomatic therapy in multiple sclerosis: the role of cannabinoids in treating spasticity. Ther Adv Neurol Disord. sept 2012;5(5):255
66.

221. Giacoppo S, Pollastro F, Grassi G, Bramanti P, Mazzon E. Target regulation of PI3K/Akt/mTOR pathway by cannabidiol in treatment of experimental multiple sclerosis. Fitoterapia. janv 2017;116:7784.

 

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